L’association Métro de Bordeaux ne dépend de personne et discute avec tout le monde. C’est là une vérité difficile à entendre pour ceux qui préfèrent s’attaquer à l’association et ses bénévoles plutôt qu’au projet qu’ils portent. Une mise au point nous semblait donc nécessaire pour préciser l'objet de notre organisation et la nature de notre engagement : aucun conflit d’intérêt avec les géants du BTP ou autres, aucun engagement politique, un budget d’une centaine d’euros et des bénévoles passionnés par la question des mobilités et l’intérêt public. Pourtant, une question revient de temps en temps : mais pour qui roule Métro de Bordeaux ? La réponse est claire : pour la métropole, ses habitants, ses visiteurs.
Un projet participatif et sérieux
Depuis sa création en 2018, l'association Métro de Bordeaux soutient auprès des élus et de la population que le métro est une solution aux problèmes de déplacement dans la métropole. Pour en arriver à cette conclusion, elle a étudié la situation des mobilités dans l'agglomération bordelaise pour en dresser un état des lieux, lancé ensuite une enquête en ligne qui a reçu 1439 réponses et enfin organisé plusieurs ateliers qui ont réuni des personnes d'horizons divers. Ce travail lui a permis en août 2021 de présenter, dans un livret de 28 pages, un projet global de mobilités articulé autour d’une ligne de métro avec dix-huit stations. Ce travail a été salué par de nombreux élus de sensibilités politiques différentes.
Une association précurseuse
Le groupe Métropole Commune(s) s'est positionné en faveur du métro en septembre 2021, soit après la présentation par l'association Métro de Bordeaux de son projet. La réalité est donc que l'association, par le sérieux de son travail, a convaincu des élus du centre et de droite. Pourtant, il est parfois opposé à l'association Métro de Bordeaux, sur le ton d'un reproche, d'être "de droite".
C'est absurde puisque l'association n'a pas hésité à critiquer des projets portés par des élus de droite, comme les extensions du réseau de tramway malgré une rentabilité socio-économique nulle voire négative, ou à exprimer de sérieuses réserves à l'égard du bus à haut niveau de service vers Saint-Aubin quant au tronçon central. Surtout, l'association est née alors que le métro était encore tabou dans la métropole et qu'aucun élu n'en parlait. Pendant la campagne pour les élections municipales de 2020 à Bordeaux, aucun candidat et aucune liste n'a soutenu les propositions de l'association. Au contraire, plusieurs fois des candidats, y compris de droite et du centre, ont rejeté l'idée d'un métro à Bordeaux en avançant des solutions alternatives, dont l'association a démontré les insuffisances ou l'infaisabilité. L'association agit donc en toute objectivité et dénonce les mauvaises idées et les renoncements, d'où qu'ils viennent. Par exemple, il lui était impossible au moment des municipales de laisser dire, même un maire, même de droite, qu'il suffit que les tramways ne s'arrêtent plus à toutes les stations. Il lui est tout autant impossible aujourd'hui de laisser dire, même un président, même de gauche, qu'un métro est "mauvais pour la santé", que son bilan carbone serait nécessairement négatif, que, dans quelques années, il y aura peut-être des voitures volantes qui permettront d'en faire l'économie, ou encore qu'un (faux) RER vaut un métro !
Des soutiens venus de la droite, du centre et de la gauche
Plusieurs élus du centre et de droite ont soutenu l'idée d'un métro à Bordeaux, après que les travaux de l'association ont permis d'imposer ce sujet dans les débats. On se souvient de Patrick Bobet qui, remplaçant Alain Juppé à la tête de la métropole, évoque ouvertement le métro dans son premier discours en tant que président. Emmanuel Sallaberry, alors vice-président aux finances, a également pris position en faveur du métro, de même que le maire de Pessac, Franck Raynal. En quoi cela ferait de l'association Métro de Bordeaux une association de droite ?
D'ailleurs, les premiers élus qui ont contacté l'association pour discuter du métro, dès 2018, sont les élus communistes. Les communistes ont même soutenu, avant de s'allier à Bordeaux à Pierre Hurmic pour qui "c'est une ânerie", un projet de métro à 5 milliards d'euros. Des contacts ont également été noués avec Matthieu Rouveyre, lorsqu'il envisageait encore de se présenter aux élections municipales de 2020 à Bordeaux. L'élu socialiste voulait avancer sur l'hypothèse d'un métro pour desservir l'agglomération et souhaitait interroger l'expertise de l'association. Personne n'accusait pourtant l'association Métro de Bordeaux de rouler alors pour la gauche !
La volonté de dépasser les clivages
L'association Métro de Bordeaux refuse de se laisser enfermer dans des clivages partisans et veille à permettre à toutes les forces politiques de s'exprimer sur le sujet du métro. Elle a organisé plusieurs réunions depuis sa création. Lors de ses réunions publiques des représentants de la droite, du centre et de la gauche sont souvent présents. D'autres intervenants potentiels, même s'ils ne sont (clairement) pas partisans d'un métro, sont contactés : Clément Rossignol-Puech, Gérard Chausset, Béatrice de François et Nordine Guendez. A part Clément Rossignol-Puech et Gérard Chausset, nos invitations n'ont jamais reçu de réponse malgré nos relances. Lors de la réunion publique du 24 mai 2022 à Talence, des élus de différentes sensibilités ont été invités : Franck Raynal et Emmanuel Sallaberry (Métropole Commune(s)), Claude Mellier et Clément Rossignol-Puech (majorité métropolitaine). Seuls les maires de Pessac et de Talence se sont rendus disponibles et ont donc participé. Claude Mellier, elle, n'a pas pu être présente. Et nous sommes restés sans réponse du maire de Bègles. Nous mettons tout en œuvre pour alimenter les débats mais nous restons soumis aux agendas et à la bonne volonté des élus.
Aucun conflit d'intérêt
Etudiant, enseignant-chercheur, retraité, ingénieur informatique, conseiller bancaire... aucun administrateur de l'association Métro de Bordeaux n'a déclaré de conflits d'intérêt avec un géant des BTP susceptible de construire ou d'exploiter le métro ou d'en tirer directement profit. Bien sûr, nos discussions ont dû être éclairées par des professionnels, notamment en ce qui concerne la nature du sous-sol de Bordeaux. Cela nous a amené à nous rapprocher d'un ingénieur géotechnicien aujourd'hui retraité, Jean Piraud, qui nous a fait part de son expérience alors qu'il était chef de bureau au Bureau de recherches géologiques et minières au moment du premier projet de métro dans les années 1980-1990. Jean Piraud a ensuite poursuivi sa carrière au sein de sociétés privées, comme AnteaGroup. Mais aucune collaboration n'a évidemment été entreprise avec ces sociétés et Jean Piraud ne participe aucunement à l'administration de l'association Métro de Bordeaux.
Aucune discussion n'a été engagée avec les constructeurs de matériel roulant ni avec de potentiels exploitants. Bien sûr, l'association est régulièrement en contact avec Keolis puisque c'est l'exploitant actuel d'un réseau dont nous démontrons les limites. Mais Keolis, comme un éventuel futur exploitant, n'est nullement investi dans l'administration de l'association.
Métro de Bordeaux mène donc ses travaux en toute indépendance grâce à un budget annuel d'environ 3100 euros alimenté par les cotisations et dons des membres (l'adhésion simple reste gratuite) et par des subventions versées par Bordeaux Métropole, au titre de la participation de l'association à la commission consultative des services publics locaux, et par les communes de Talence (1000 euros) et de Pessac (1500 euros).
Métro de Bordeaux entend travailler, discuter, débattre avec tous les élus, tous les candidats, toutes les associations pour œuvrer à l'amélioration des conditions de déplacement et de la qualité de vie dans la métropole.
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