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Photo du rédacteurMickaël Baubonne

RER : la métropole se fait plumer

Bordeaux Métropole va prendre en charge 33.33 % du coût des infrastructures du RER et la région seulement 2.56 % ! Situation ubuesque dans laquelle la métropole assume des compétences de la région et finance des services bien au-delà de son territoire. La décision du département de la Gironde de participer – enfin – au financement d’une partie du RER conduit la région Nouvelle-Aquitaine et la métropole de Bordeaux à revoir la feuille de route. Mais les délibérations de ces collectivités permettent de vérifier que Bordeaux Métropole continue à se faire plumer quand la région, elle, se désengage.


Bordeaux Métropole, une solidarité à sens unique

Le département de la Gironde ne s’engage financièrement que dans le volet ferroviaire du RER avec l’Etat, la région et Bordeaux Métropole. En revanche, le département refuse de prendre en charge une partie des coûts des cars express. Ceux-ci restent assumés à parts égales par Bordeaux Métropole, par la région et par le syndicat mixte Nouvelle-Aquitaine Mobilités. Par ailleurs, les autres intercommunalités desservies ne se mobilisent pas et ne sont toujours pas mobilisées. Le prélèvement d’un versement mobilités additionnel est certes à nouveau prévu. Mais cela fait plusieurs années que ce prélèvement a été annoncé sans avoir été mis en œuvre. La métropole est donc la seule collectivité investie dans tous ces projets aux côtés de la région. Pourtant, Bordeaux Métropole ne pourra pas compter sur la solidarité de la région et du département pour développer son réseau de bus, de tramway, voire de métro. C’est donc cette solidarité à sens unique que la métropole et ses élus applaudissent, au détriment de ses contribuables.


Bordeaux Métropole, principal financeur local

Faire circuler plus de trains fait appel aux compétences de la région (service) et de l’État (infrastructures). Pourtant, Bordeaux Métropole consent à prendre en charge 33,33 % des coûts relatifs aux infrastructures contre seulement 2,56 % pour la région. La loi permet seulement à la métropole de « contribuer au financement d'un service ferroviaire régional de voyageurs ou d'un service en gare situés dans leur ressort territorial ». Ces rapports financiers traduisent un renversement des compétences. Bordeaux Métropole ne contribue pas en l’occurrence : elle assume à la place de la région qui profite de l’engagement récent du département. Imagine-t-on la métropole payer seulement 2,56 % des futurs couloirs de bus, d’éventuelles extensions du tram ou d’un potentiel métro ? Pour mémoire, la Métropole a assumé plus de 80 % du coût de la 1e phase du tramway et l’Etat a apporté le reste pour l’essentiel. Les autres subventions n’ont représenté que 0,8 % du coût total ! C’est bien moins que la participation de la Métropole aux projets régionaux.

Au total, la métropole devient le principal financeur du volet ferroviaire parmi les collectivités et la région, la collectivité la moins impliquée financièrement. Par ailleurs, contrairement à ce que précise la loi, le financement métropolitain n’est aucunement limité à son « ressort territorial » et concerne déjà des actions à l’extérieur de la métropole.


Bordeaux Métropole, des dépenses mais pas toutes les études

Alors que le président de Bordeaux Métropole avait annoncé que les choix de l’intercommunalité en matière de mobilités seraient désormais guidés par trois critères (coût, utilité, bilan carbone), il n’est jamais fait mention de la rentabilité socio-économique ni des avantages et inconvénients environnementaux des projets. Et pour cause : toutes les études n’ont pas été réalisées. La métropole s’engage donc à réaliser des investissements dont la pertinence économique et environnementale n’a pas encore été démontrée. Manifestement, les critères du président sont à géométrie variable. Espérons au moins que ces critères seront bien employés quand il s’agira d’exclure des projets que certains souhaitent greffer sur le RER, comme un tram-train aberrant vers Lacanau.



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