Aujourd’hui à Bordeaux tous les modes de transport rencontrent des difficultés, liées aux conflits d’usage, pour rejoindre le centre de Bordeaux ou s’en extraire. Le réseau TBM ne fait pas exception et sa fiabilité défaillante ne pousse-t-elle pas les usagers à rechercher des alternatives individuelles ? L’essor des mobilités actives (vélos, trottinettes…) engendre de nouvelles demandes, dans un espace public contraint et limité. Dans ce contexte, le métro se présente comme une solution crédible et efficace pour lever ces blocages et répondre aux enjeux de fréquentation du réseau, tout en libérant de la place en surface, à réaffecter pour d’autres usages.
À part les modes doux, tous les modes de transports sont en difficulté
Aujourd’hui en 2023, traverser Bordeaux ou tenter d’atteindre le centre-ville depuis les banlieues proches ou plus lointaines est un parcours du combattant de façon générale pour tous les modes de transport.
Chaque mode a des difficultés de circulation, le tout empirant à l’heure de pointe. Les embouteillages en voiture sont la règle, et la capacité des transports en commun qui sont soumis aux aléas de la surface n’est pas du tout à la hauteur de l’enjeu.
Dans ce contexte, 46 % des trajets sont faits en voiture par les habitants de la métropole pour une distance moyenne de 8 kilomètres, source enquête mobilités 2023) même si la part modale de cette dernière a baissé (-13 points depuis 2009).
La part modale du vélo s’envole depuis une quinzaine d’années avec une augmentation de 124 points dans la métropole pour une part modale qui s’établit désormais à 8%.
Il faut noter aussi la part modale de la marche qui reste le deuxième mode de déplacement privilégié dans la métropole (30% de part de modale).
Au milieu de tout ceci émerge les alternatives en deux roues motorisés ou non (scooters, motos, vélos), dont la souplesse d’usage rend la traversée de Bordeaux plus fluide.
Cette fluidité n’empêche pas l’apparition de nouveaux conflits d’usages avec les autres usagers (piétons, voitures, bus et trams…), signe d’un espace public en tension et saturé.
Il est aujourd’hui plus rapide de traverser le centre-ville de Bordeaux en vélo qu’en transport en commun
Il est aujourd’hui plus rapide de traverser le centre-ville de Bordeaux en vélo qu’en transport en commun, la vitesse moyenne du tram en hypercentre est d’environ 10 km/h*
, là où le vélo atteint les 14,1 km/h. Des vitesses moyennes assez proches mais une souplesse d’usage sans égal car un tramway peut difficilement quitter ses rails ou un bus, se faufiler dans des rues étroites comme devra le faire le futur BHNS de Saint Aubin.
L’essor des mobilités actives est le chant du cygne des transports en commun Bordelais
La croissance du vélo, c’est le chant de cygne des transports en commun car sur Bordeaux métropole et particulièrement dans le centre-ville, son usage croit de façon exponentiel (+124%, source enquête de mobilités 2023) face à des tramways et des bus qui peinent à répondre à cette demande de déplacements qui ne fait qu’augmenter.
...la croissance du nombre de cyclistes n’est pas forcément un bon signe lorsque celle-ci est accompagnée d’une qualité de service médiocre pour les transports en commun.
Avec l’avènement du vélo électrique, des offres en free-floating, des vélos cargos, de plus en plus de personnes s’équipent et découvrent qu’elles peuvent traverser la ville en un temps qu’elles n’auraient jamais soupçonné, en alliant activité physique, souplesse d’usage et rapidité (sur des distances comprises entre 10 et 15 km).
Bien que positive, la croissance du nombre de cyclistes n’est pas forcément un bon signe lorsque celle-ci est accompagnée d’une qualité de service médiocre pour les transports en commun. Ce n’est pas un progrès de se satisfaire de la dégradation des transports en commun Bordelais pour forcer au report modal vers le vélo, faute de mieux en matière de transport en commun, malgré les qualités de ce mode.
Une politique des transports incomplète
La promotion des modes actifs ne peut se faire au détriment des usagers des transports en commun.
De plus, promouvoir l’usage d’un mode de transport individuel (ici le vélo) dans l’espoir de se passer d’investissements plus lourds pour les transports en commun est une erreur car les deux modes sont complémentaires. C’est donc un changement de paradigme qui doit s’opérer à la métropole à ce sujet.
Dans ce contexte, difficile pour les transports en commun bordelais dans leur état actuel de rester convaincants face à la lenteur des trajets, les fréquences aléatoires, la saturation des rames un constat et les pannes quotidiennes.
Laisser les transports en commun bordelais dans leur état actuel peut être tentant aujourd’hui pour espérer un transfert des usagers vers le vélo. Cela ne peut durer qu’un temps car les cyclistes peuvent ne pas l’être tous les jours et apprécier de se tourner vers un service de transport en commun performant, une clef essentielle pour chaque usagers : celui d’avoir le choix !
On peut conjuguer zones piétonnières, vélos et métro dans une même ville, l’exemple nous est donné par Copenhague**. Dans cette ville, chaque moyen de transport trouve sa place, dans des espaces délimités. Les pistes cyclables sont bien séparées, sans discontinuités. Le métro est automatique, moderne et sécurisée. Les deux modes combinés ensemble sont les bases pour une ville qui veut et peut améliorer ses déplacements sans sacrifier l’un ou l’autre.
Pour Bordeaux, vélo et transports en commun sont complémentaires, à condition de ne pas empiéter sur l’espace de l’autre (ex : voies mixtes bus/vélos) et que la qualité de service du transport en commun fasse un bond qualitatif significatif et sans précédent avec ce que Bordeaux a connu jusque-là. Cela ne sera possible qu’avec un métro.
Un métro pour améliorer les déplacements de tous, permettre une redistribution de la place en surface pour d’autres usages (piétonisation, nouvelles pistes cyclables, végétalisation). Un métro pour améliorer les déplacements entre Bordeaux et sa périphérie, rôle aujourd’hui dévolue aux tramways et aux bus qui peinent à répondre à cette demande comme nous venons de le voir ici. Un métro pour soulager cette colonne vertébrale en grande souffrance qu’est le tramway, conçue pour une ville confrontée à des années d’immobilisme mais inadaptée à une ville qui désormais grandit et attire toujours plus. Ce métro, ce n’est pas seulement un projet de transport dessiné sur un coin de table, c’est le projet de tous les Métropolitains. Pour ceux d’aujourd’hui et ceux de demain.
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